CharIl s’agira d’alterner la lecture de textes fulgurants du poète et le récit de la vie de celui qui connut, notamment, le surréalisme et la résistance. Taxée parfois d’hermétisme, la poésie de René Char se laisse découvrir à qui veut bien l’entendre. Quelques clefs simples lui permettent de surgir et de parler à chacun d’entre nous.

Quelques traces :
Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront.
Rougeur des matinaux
Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni patience ni égards Fureur et mystère
Le poète se reconnaît à la quantité de pages insignifiantes qu’il n’écrit pas. Sur la poésie
Un homme sans défauts est une montagne sans crevasses. Il ne m’intéresse pas. Feuillets d’Hypnos
S’il n’y avait pas l’étanchéité de l’ennui, le cœur s’arrêterait de battre. Feuillets d’Hypnos
Un poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves. Seules les traces font rêver.
La parole en archipel

 

 

Job et sa femme Georges de La Tour

Job et sa femme
Georges de La Tour

Feuillets d’Hypnos
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La reproduction en couleur du Prisonnier de Georges de La Tour que j’ai piquée sur le mur de chaux de la pièce où je travaille semble, avec le temps, réfléchir son sens dans notre condition. Elle serre le cœur mais aussi désaltère ! Depuis deux ans, pas un réfractaire qui n’ait, passant la porte, brûlé ses yeux aux preuves de cette chandelle. La femme explique, l’emmuré écoute. Les mots qui tombent de cette terrestre silhouette d’ange rouge sont des mots essentiels, des mots qui portent immédiatement secours. Au fond du cachot, les minutes de suif de la clarté tirent et diluent les traits de l’homme assis. Sa maigreur d’ortie sèche, je ne vois pas un souvenir pour la faire frissonner. L’écuelle est une ruine. Mais la robe gonflée emplit soudain tout le cachot. Le Verbe de la femme donne naissance à l’inespéré mieux que n’importe quelle aurore.
Reconnaissance à Georges de La Tour qui maîtrisa les ténèbres hitlériennes avec un dialogue d’êtres humains.